7. Les Epingleurs à nourrices + Coco Fronsac

DOSSIER DE PRESSE (Texte de Sophie Durock)

« Les épingleurs à nourrice »
LES ARTISTES

Mathieux Durock

Mathieux Durock, né en 1964 vit et travaille à Paris.
Issu de la culture « punk rock », cet autodidacte revient, avec cette série de poupées Durock, aux sources de la contemplation primitive.
Profondément guidé par la nécessité de démonter les codes et les conventions, il réinvente un univers à travers lequel une lecture et une interprétation nouvelle des matériaux et des formes qui en naissent nous est donnée.
L’art de Mathieux Durock est avant tout une histoire émotionnelle : l’histoire des objets. Son attachement à l’objet empreint d’historique prévaut sur la simple fonctionnalité de celui-ci.
C’est dans ce rapport émotionnel à l’objet qu’il donne aux matériaux une seconde vie et un second souffle. Si l’usure le fascine et sert de fondement à la naissance de l’œuvre, c’est parce que l’usure est avant tout histoire, vie, étapes, et qu’elle est le résultat d’actions humaines mais aussi d’attachements, puis de détachements sans que la cause profonde soit révélée, au contraire mystifiée.
Ainsi un objet banal qui navigue un temps au hasard de l’océan touche profondément l’artiste parce que cet objet a échoué accidentellement après avoir rempli sa fonction d’objet. L’incident devient le point de départ. Celui d’une série de poupées iconoclastes que l’artiste a déformée au grès de ses divers rapports avec les objets.


“Sea récup et rock and roll”
« Mon attrait pour la récupération d’objets, d’images et autres vieilles choses, différentes, uniques, forgées par le temps me vient de mon enfance. J’ai toujours aimé errer sur mon skateboard ou mon vélo dans un environnement urbain lesquels m’attendaient divers matériaux, dans des décharges par exemple où j’ai paradoxalement fait de belles trouvailles, et également au bord de la mer, d’où je viens. Les vagues ramènent naturellement des objets déformés, engloutis parfois depuis des années et je les récupère lorsqu’ils échouent.
Je suis attaché aux histoires et aventures de ces matériaux. Je les étudie dans un premier temps, puis vient la phase d’ornementation et enfin je raconte une nouvelle histoire les concernant en les juxtaposant tels des collages et leur donne une seconde vie. C’est dans ce monde recomposé que je trouve mon épanouissement car je mets mon imaginaire et ma curiosité au service de cette (re)création. C’est un monde recomposé, loin des normes dans lesquelles je ne me sens pas à ma place.
La bande dessinée comme « Philémon » et sa poésie, les collages de Prévert ou certaines pochettes de disque issues de l’art punk en particulier, la littérature de science fiction de Dan Simmons, la mode et ses créatures défilant, intouchables, comme des statues ont toujours été autant de source d’inspiration. Le cinéma en noir et blanc m’a également beaucoup influencé pour ses contrastes d’ombre et de lumière, et celui de Tarantino pour sa violence dérisoire, Oliver Stone pour ses patchworks d’images et les deux cinéastes pour leur rock and roll !
La musique également a toujours été un moteur pour moi, une manière de communiquer lorsque je faisais de la radio dans les années quatre vingt. J’aimais le mélange des genres, la diversité et déjà une forme de mix.
Enfin, une autre source d’inspiration évidente c’est ma fascination, mes fantasmes pour LA Femme, sa beauté à l’image des statues grecques, son mystère et son ambiguïté.
Avec cette première série de poupées, je mélange toutes ces influences : mes poupées sont guerrières, anges et démons et incarnent bien d’autres personnages dissimulés derrière l’apparence trompeuse d’une simple poupée innocente…»

Cédric Marie

Cédric Marie, né en 1974 vit et travaille à Paris.
Ses premiers collages reflètent un univers intime marqué par ses influences « punk rock » et sa volonté de réinterpréter le monde qui l’entoure.
Son œuvre s’oriente vers le travail des matériaux, prétexte à une nouvelle forme de révolte contre « l’artistiquement correct » : l’art choque, l’art interpelle. L’artiste reprend des codes communs pour mieux les transfigurer. L’art devient métaphore et devient le messager d’une intimité sensible et pudique.
Le travail de l’artiste devient de plus en plus marqué par l’art religieux qui ne trouve de sens à ses yeux qu’une fois interpréter et réinventé : ses autels religieux emplis de lumières clignotant comme des alarmes déchaînées servent d’immortelles sépultures à des animaux réduits en de vulgaires squelettes. La vulgarité de la mort nous renvoie à notre condition humaine et questionne : et si celle-ci, béatifiée et purifiée sur le piédestal illuminé devenait beauté absolue et non plus tabou voilé par nos nombreux divertissements et courses vaines ? Les os désarticulés sont par miracle de nouveaux articulés autour d’un ensemble vertigineux : l’essence de la vie n’est pas sous terre mais désormais exhumées, elle tremble de toutes ses forces dans l’œuvre de l’artiste, inventée, contemplée, sans résistance aucune.

« Born to lose »
« Ce titre bien connu du milieu punk rock m’a toujours été d’une grande inspiration. C’est d’ailleurs assez contradictoire.
Le fait même que des matériaux usagés, vieillis, altérés, rouillés, pourris moisis ou détruits sont pour moi une source inépuisable de création.
Depuis dix sept ans, je récupère, accumule, organise, décore, fait pourrir ou moisir et au final crée. Dans un premier temps en deux dimensions. C’est en récupérant les nombreux « zoom magasines » ou en feuilletant « midi minuit fantastique » que la matière même de papier, jauni, taché marqué m’a inspiré.
Ce fut le point de départ de mes collages et de ma démarche de récupération dans la rue.
Puis vient la boite à pourrir : tenter de récréer la matière, les couleurs issues de la création de cette même matière. Les champignons envahissant papiers, photos, tissus métal, puis fixer leurs teintes.
Progressivement, sur fond de punk rock et grâce à l’inspiration dans les rues de la capitale et d’ailleurs est née la troisième dimension.
Cela m’est venu naturellement, une manière de garder la tête hors de l’eau.
« Born to lose » : je ne suis pas carriériste et cette créativité, cet univers m’a accompagné, guidé et d’une certaine façon soigné. Je livre là quelque chose d’intime sans concession ».

LES EPINGLEURS A NOURRICE

Issus de la même région en Normandie, Mathieux Durock et Cédric Marie se sont rencontrés en 1991. Réunis par des influences communes comme la musique, ils suivent une évolution parallèle.
premiers collages rock pour Cédric et ceux inspirés par les collages de Prévert pour Mathieu, ils se tournent vers le travail de la matière. Bien que très personnels, leurs œuvres ont le même sens de la dérision, du détachement de la réalité pour se transformer en poésie, lecture de leurs états d’âme et de leurs évolutions personnelles.
En 2008, ils ont décidé de réunir leur travail sous le collectif des « épingleurs à nourrice », animés par la volonté de mettre à jour ce fil conducteur. L’amitié, le respect, l’admiration réciproque et un parcours similaire est dévoilée au travers de cette exposition commune.

+ COCO FRONSAC

Coco Fronsac vue par LE POIGNARD SUBTIL:

(http://lepoignardsubtil.hautetfort.com/archive/2011/05/28/du-cote-des-creatifs-coco-fronsac-ses-blagues-et-ses-blogs.html)
28 mai 2011
Du côté des créatifs: Coco Fronsac et ses images cuisinées
Grâce à l’ami Philippe Lalanovitch, j’ai été mis sur le rail qui mène au blog aux multiples et variés albums d’images créées par Coco Fronsac, artiste qui manipule les objets et les images, la plupart chinés dans les brocantes qu’elle paraît hanter. Voici la liste de ces albums dans lesquels il est fort instructif d’aller zig-zaguer: Vision négative, les ex-voto de Coco Fronsac, les photos spirites de Coco Fronsac, the Zelda’s sexy-girls, La mort n’en saura rien, les reliquaires de Coco Fronsac, Vive la mariée, les Momies de C.F., les poupées de C.F., les chamanes de C.F., l’érotisme sous globes de C.F., une image dans une autre par C.F., le cabinet de curiosités de C.F., les collages de C.F., les petites filles modèles de C.F…

Coco Fronsac, Quand est-ce qu’on mange?, collage, « une image dans l’autre »

Une des techniques préférées de l’auteur est le collage, par exemple du positif sur des négatifs, ou bien un fragment d’image posé sur une autre dans laquelle elle introduit un vacillement du sens, soutenu par un goût sans faille des accords de couleurs. Le « collage » peut s’exécuter aussi par le détour d’un gouachage plaqué sur des têtes de personnages qui posent sur des anciennes photos en noir et blanc dont l’artiste paraît avoir une collection illimitée. On est là à nouveau dans un goût de la modification moqueuse, et de la démystification, genre prisé de beaucoup d’artistes modernes (il y aurait d’ailleurs un beau projet d’exposition à monter sur ce thème, le « détournement et la modification dans l’art »).

Coco Fronsac, « St-André Breton », ex-voto

Coco Fronsac, le facteur, ex-voto

Mais le collage s’étend aussi à la troisième dimension par des « reliquaires de voyage », des hommages à diverses figures tutélaires (dont l’André Breton que je lui emprunte ici, ou un Facteur Cheval) qu’elle appelle « ex-voto » ; des globes érotiques, des fausses pièces d’art premier, etc. La peinture est aussi mise à contribution dans son « cabinet de curiosités » où des portraits voulus bizarres évoquent parfois un art forain super-déviant.

Coco Fronsac, Curiosités

On sent que toute l’imagerie ancienne pourrait par contamination progressive passer ainsi à la moulinette de Coco Fronsac…

Coco Fronsac expose à Paris prochainement, expo « Chahut » à la galerie UN LIVRE UNE IMAGE (consacrée à la photographie), 17, rue Alexandre Dumas, Paris XIe. Du 10 juin au 2 juillet, vernissage le 9 juin de 16h30 à 21h. TLJ sauf dimanche de 14h à 19h.

17:02 Publié dans Art forain, Art immédiat, Art singulier, Confrontations, Photographie | Lien permanent | Commentaires (1) | Trackbacks (0) | Envoyer cette note | Tags : coco fronsac, images modifiées, modification et détournement, collage, reliquaires, poupées, photographie spirite, ex-voto, andré breton, facteur cheval