Shimon PALOMBO

« Shimon Palombo est né en 1959: c’est donc un de ces “bébés de la Révolution”- l’expression se référant, en Israël, à la première génération à être née, depuis 1948, sur le territoire.

Fils d’émigrés venus poser leurs bagages dans le quartier alors arabe de Wadi As-Salib – lesquels Arabes se résolvent alors à abandonner les lieux, laissant leurs maisons à une population pauvre, venue pour l’essentiel d’Afrique du Nord: les Sépharades.

Rebaptisé Wadi Salib, le quartier devient, dès 1959, le théâtre de manifestations et d’affrontements violents entre population sépharade et administration ashkénaze. Ce départ de feu embrase rapidement Israël tout entier. Affectés par le chômage et la pauvreté, souffrant de l’indifférence des pouvoirs publics, les habitants de Wadi Salib figurent donc comme pionniers des révoltes populaires hostiles au pouvoir central israélien.

Au milieu des années 1980, Shimon Palombo se forme académiquement aux Beaux-Arts de Paris (1984 à 1988). C’est la menace pesant sur la maison familiale – une de ces nombreuses destructions immobilières visant à repartir, autrement dit ségréger, les populations ashkénazes et sépharades, qui le fait rentrer au pays. Au milieu des ruines environnantes et sous un toit qui menace d’écroulement qu’il se met au travail, s’efforçant dès lors d’arracher à l’implacabilité des bulldozers des morceaux de vie passée, les espoirs d’une Patrie à jamais perdue.
Aujourd’hui en France, où il vit et travaille, il adjoint à la pratique de la peinture la technique de l’assemblage, taillant ici, reprisant là, comme voué à un impossible tissage de ce qui n’est plus mais demeure vif en ceux qui ont vécu, grandi, aimé à Wadi Salib, Haïfa.

Ou comment “l’art confronte les mémoires”

Natacha Giafferi-Dombre, Paris 2010